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mercredi 19 juillet 2017

Takiwasi - Première prise d'Ayahuasca

Nous sommes le 22 juin, le lendemain du soltice d’été et la veille de la fête de San Juan qui est la fête annuelle la plus importante en Amazonie péruvienne. Les énergies sont culminantes. C’est dans ce contexte que j’aurai ma première expérience d’Ayahuasca en Amérique latine, cette partie du continent, à la frontière de la forêt d'où elle est originaire.

A partir de 15h, nous étions invité à ne plus prendre de nourriture. A 18h, nous assistons à une messe catholique de 30 minutes animée par un prêtre catholique à Takiwasi même. L’ayahuasca est bénie par le prêtre. Reconnaissance officieuse par l’Eglise catholique du rite amazonien ? Je développe ce point dans un article de ce blog.

Après la messe, à 18h30, nous buvons une plante : la MACURA. Elle a un goût d’ail très prononcé. Jacque Mabit dit que la plante aide à la « protection » pour la cérémonie.
Une heure avant la cérémonie proprement dite, nous sommes invités à prendre un bain de plantes. Il s’agit d’une concoction d’un grand nombres de plantes médicinales pour nettoyer le(s) corps.

A 21h, nous nous retrouvons dans une des MALOCAS du centre Takiwasi. La MALOCA est une petite hutte ouverte sur l’extérieur. Il y a une quinzaine de chaises basses installées en demi-cercle avec un seau à côté de chaque chaise (en cas de vomissement). Dans le groupe, il y a des psychologues, des « curanderos », des volontaires et Jacques Mabit (aussi curandero) qui guide la session.


Avant de prendre la breuvage, il y a de nombreux rituels d’enfumage et de récitations de « prières ». Les règles sont rappelées pour la bonne organisation. Par exemple : ne pas déranger les autres, demander de l’aide si nécessaire pour aller aux toilettes, ne pas rentrer directement dans le cercle sans enfumage, … La cérémonie va se passer dans le noir, toute lumière éteinte. Il était conseillé d'avoir sur soi une lampe de poche pour se rendre aux toilettes situées à l'extérieur si besoin.


Un à un nous sommes invités à boire le breuvage dans une petite tasse qui est au préalable enfumée.



Cela se passe exactement comme décrit par Stephan V. BEYER dans "Singing to the Plants",
« Les participants qui boiront l’ayahuasca sont appelés, un à un, devant don Roberto, qui remplit la petite tasse avec l’ayahuasca, chantant au-dessus d’elle, soufflant de la fumée de tabac sur elle. (…). Après avoir versé la quantité appropriée (pour chaque participant) dans la tasse, il souffle de la fumée de mapacho sur le liquide. Un à un, ils prennent la boisson, huileuse, nauséeuse et profondément vomitive "ayahuasca" ; l’avalant rapidement, demandant à la médecine la guérison ou une révélation ; ensuite la personne rend la coupe et retourne à sa place. (…) Don Roberto boit l’ayahuasca en dernier (…). Toutes les lumières du ciel sont éteintes. (…) chacun est assis dans le (….) noir ».


Lorsque tout le monde a bu l'ayahuasca, le Curandero ouvre la cérémonie avec des prières d’ouverture.


La description de l’environnement est telle que décrite par Stephen BEYER : « Il fait complètement noir. Les grenouilles ont commencé à chanter dans la forêt. (…) Hors de la hutte, la jungle respire dans l’obscurité (…). « Il (le curandero) marche autour de la pièce, s’arrêtant devant les personnes(…). Il dessine des croix sur leurs paumes et sur le front avec de l’agua florida (…). « Alors (…) il commence à faire des sons extraordinaires et dramatiques, en grognant, marmeulant, crachant, .. (....). C'est alors une cacophonie de parfums, de fumées de tabac, de chants, (...)."


Chaque expérience vécue est très personnelle. Il peut y avoir un effet ou pas d'effets du tout ... des visions ou pas de visions du tout .... Pourquoi cette différence ? J'en parlerai dans un article spécifique.


Ci-dessous, je partage mon expérience personnelle durant la cérémonie, juste à titre d'exemple. Depuis deux ans environ que je travaille avec la plante, mes visions sont surtout mystiques ... Pour d'autres, cela pourrait être la forêt, d'autres encore des animaux. D'autres pourraient revivre des évènements douloureux de leur passé pour s'en libérer. Au cas par cas, il semble que cette plante sacrée distribue avec intelligence selon la personne et selon le besoin.

Etape 1
Assez rapidement, j’entre dans le processus. J’ai des nausées mais je ne vomis pas. Je reçois alors un enseignement : le vomissement est un régulateur naturel qui permet d’expulser ce que le corps ne peut intégrer. En ce qui me concerne, je ne vomis pas. Les nausées passent. Des visions apparaissent, fortes, puissantes. Je vois une immense autoroute de lumière qui s’étend très loin dans l’horizon. Je suis comme projeté à l’extrémité de cette route. C'est si fort que je suis obligé de m’allonger, la tête posée sur le coussin de ma chaise. Je me sens à la limite de perdre conscience, à la limite de ce que je peux supporter. Par après, « on » me dira qu’il s’agissait de tester ma capacité énergétique pour ce voyage. Tester jusqu’où je peux aller. Un peu comme un moteur qu’on pousse jusqu'à la limite de sa puissance pour le tester.



Etape  2

Le processus diminuant en force, la plante dit : 
  • "Je suis là pour servir l’Homme"
  • "La loi du libre arbitre fait que l’homme peut m’utiliser à des fins égoistes ou altruistes"

Réflexion post expérience :
Ce qui est exceptionnel est que l’Ayahuasca est un végétal, d’un règne situé deux échelons en-deça du règne de l’homme (qui est doté de la conscience), et du règne animal. Pourtant, elle a ce pouvoir d’agir sur la psyché humaine, sur la conscience humaine. C’est pourquoi elle est appelée « plante maîtresse ».


J’entre ensuite en contact avec les énergies de Takiwasi. Une voie m'explique une des grandes problématique du toxicomane : l’image du Père. Le directeur de Takiwasi est comme un support inconscient de projection pour le toxicomane, lui proposant une image structurée du père. Les patients doivent reconstruire le père intérieur pour retrouver une verticalité, leur verticalité.


Réflexion post expérience :
En effet, le père ne symbolise-t-il pas la loi, le cadre, la structure, bref la dimension verticale, la colonne vertébrale qui permet à l’Etre humain de se tenir debout ?

Etape 3
Après une bonne diarrhée, je me décide à boire une deuxième fois le breuvage. Après ingestion et un moment d'attente, je me retrouve pris dans une véritable guerre (ce furent d’ailleurs aussi les mots de mon voisin autrichien après la session). Il ne m'est pas possible de décrire en détail de quoi il s'agissait. Juste savoir que, sur le plan astral, dans cet autre monde dont l'ayahuasca permet l'ouverture, il y a aussi des batailles entre des forces involutives et des forces évolutives.
En ce qui me concerne, le processus se passe très en lien avec le corps. C'est extrêmement fort. Tout mon corps participe au processus. Je tremble de partout, comme pour expulser le trop plein d'énergies qui me traversent. J’ignore combien de tempos cela dure. Je me souviens juste d'une sensation de joie à la fin du travail, sans savoir exactement quel a été l'impact et le sens de ce travail. La compréhension du mental habituel, après l'expérience, est inopérante dans ces zones de la conscience ....
Ce que je peux juste partager c'est que je fus en contact avec de nouvelles sources de guérison que j'appellerais, dans mon vocabulaire d'aujourd'hui, "énergies christiques". De nouvelles énergies qui vont aider à nettoyer les vieilles mémoires qui bloquent encore l'humanité dans son passage vers une nouvelle conscience. 

Il est maintenant possible de passer directement par les énergies d'amour pour guérir les personnes. Les anciens outils thérapeutiques sont trop lents et trop bas en vibration pour opérer le grand passage de conscience que nous vivons actuellement. Je vois cela comme un cadeau donné à l'humanité pour faciliter sa transformation SI ELLE LE VEUT. Un outil puissant : "l'amour" pour nettoyer avec rapidité et efficacité les énergies lourdes pesant sur cette planète.
Je sens alors l'énergie des Bodhisattvas oeuvrant sur terre pour aider les êtres QUI LE DEMANDENT.
Durant le processus je fais des allers retours entre des espaces d’une beauté incroyable et la MALOCA où j'entends des frères et des soeurs qui gémissent, qui traversent manifestement des passages difficiles. Je me mets alors en lien avec eux, leur donnant tout l’amour connecté dans les royaumes de beauté.

Etape 4
Durant le processus, les curanderos (guérisseurs) passent plusieurs fois chez chaque participant. Ils vérifient comment chacun va. Ils font alors un enfumage, un chant ou une prière. Il y a aussi des crachages, fidèles au rituel chamanique amérindien. Le curandero boit de l’eau consacrée puis la recrache sur le thorax, le dos et la tête du participant. Un nettoyage des énergies qui encombrent encore la personne.
Quand vient mon tour, toujours dans l’obscurité, je sens une ombre s’approcher, personnifiée par le curandero. "Elle" est debout devant moi. Je la sens comme « la Bête ». La personnification dans mon inconscient de tout ce que je considère comme mal, la somme de toutes mes ombres. Les adeptes de CG Jung comprendront ce que je veux dire. 

Alors que le curandero fait un rituel de nettoyage en posant ses mains sur ma tête, je lui prends le bras et je l’embrasse. Je suis à ce moment empli d’une énergie d’amour inimaginable. J’embrasse « la Bête », je l'aime. Exactement comme dans le Conte « la Belle et la Bête » où la Belle doit tomber amoureuse de la Bête pour que la Bête soit libérée et se transforme en Prince. Je sens que je traverse à ce moment un archétype puissant : le processus d'intégration de l'ombre décrit par CG Jung. Le moment est d’autant plus réaliste pour moi que le curandero pousse véritablement des sons d’animal sauvage, des grognements … de Bête.
Au moment où j’embrasse le bras du Curandero, quelque chose se passe. C'est comme si je passais une porte. Je vis alors une sorte d'initiation. Difficile à mettre en mots. J'entends alors ces mots : "Bienvenue dans la forêt". Je vois alors devant moi une forêt pleine de lumières et de couleurs. Une beauté indescriptible. Je comprends alors que l’acceptation et la pleine reconnaissance de mon ombre, de la Bête en moi, était la condition, la porte pour accéder à cet espace lumineux.
Claudio NARANJO, éminent gestaltiste et adepte de CG Jung, dit dans son livre "Ayahuasca" : "Un aspect implicite de cet enfermement dans le "je" est la peur : peur de tout ce qui est en nous, de tout ce que nous n’exprimons pas ou que nous ne souhaitons pas voir. Lorsqu'un des murs qui sépare notre ego et notre ombre se disloque – dans un choc, dans une expérience psychotique ou comme conséquence de la prise d’une drogue – notre peur se fait explicite. Ce que nous voyons de l’autre côté du mur est menaçant, laid, monstrueux ou diabolique. Quand un chamane se soumet à l’expérience d’un voyage initiatique, il rencontre invariablement des démons manaçants (...). On peut supposer que sa capacité de s’entendre avec de tels êtres sera proportionnel à sa valeur, déjà en résistant à la peur (...) ».


Etape 5
Vers la fin du voyage, je sens en moi un amour infini pour le Seigneur des Mondes. Ce sentiment me conduit dans un espace lumineux de la conscience. Je suis en contact avec une lumière d’un éclat extraordinaire. Je reçois alors un cadeau. Je ne peux en dire plus ici. Juste partager qu'il y a une conscience infinie, peu importe son nom, qui m'aime, qui nous aime d'un amour infini, et qui est disposée à nous combler de bénédictions.
Je comprends alors que c'est ma pensée, mon intention, qui est le guide du voyage. 

A un moment du voyage, je suis en contact avec les Védas, cette source de sagesse infinie qui émane de l'Inde. Après, avec la lignée des patriarches du Bouddhisme zen dans lequel j'ai pris jadis les vœux. Je suis ému jusqu'aux larmes. Quelle profondeur, quel rayonnement ! C'est indescriptible. Comment s'imaginer qu'il y a, au cœur de la conscience, cette conscience qui habite chaque homme, une beauté et un rayonnement aussi extraordinaire.
Je reçois le message que ces Etres lumineux peuvent aider l'humanité, mais uniquement sur demande car, en toute chose, le libre arbitre prime dans cet univers.
Etape 6
Pour clôturer, un Curandero s'arrête devant chaque participant. Il pratique un rituel de fermeture du chakra coronal, au-dessus de la tête. La cérémonie est terminée. La lumière s'allume.
Avec beaucoup d’humour, Jacques pose la question : quelqu’un en veut-il plus ? Nous éclatons de rire, tant ce voyage fut fort pour la plupart.


J'essaye de revenir à la réalité habituelle après ce voyage intense qui m'a demandé autant d'énergie physique que d'énergie mentale.
Je me lève tant bien que mal, un peu en titubant. Je fais quelques pas dans la pièce pour reprendre racine, revenir pleinement dans mon corps, dans la réalité physique habituelle, dans la conscience ordinaire.
J'entends une voix intérieure qui me donne une consigne à suivre pour les 3 jours suivants, avec insistance ... Consigne que je respecterai sans en connaître le sens.


J'échange quelques mots avec quelques participants. Certains n’ont absolument rien senti durant la session. J’ai trouvé cela rassurant. Cela montre que chacun vit l’expérience en fonction de son besoin, en fonction de ce qu’il a à vivre, sans rien forcer. Oui, il y a une sagesse de la plante dans ce travail et il n'y a pas à rechercher quoi que ce soit. Juste accueillir ce qui vient et faire confiance que tout a du sens.
Il est 4h du matin. En sortant de la MALOKA, je vois au-dessus de l'horizon une étoile  très brillante. Un participant dit : "c’est Vénus, planète de l’amour"... Une belle synchronicité ...
Je rentre alors à l’auberge où je loge.
Ce voyage aux frontières de l’extrême, dans les sphères mystérieuses de la Conscience, aura duré plus de 6 heures.
Le lendemain matin, au réveil, je prendrai cette photo :




3 commentaires:

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