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jeudi 13 juillet 2017

Takiwasi - Quelques mots sur le centre


Création de Takiwasi



C'est un médecin français du nom de Jacques Mabit qui a créé Takiwasi en 1992.
Voici comment le site internet présente Takiwasi :
"Takiwasi ou "La Maison qui chante" en langue quechua, est une association à buts non lucratifs, consacrée à la recherche fondamentale et appliquée sur les médecines traditionnelles et leur mise en pratique dans le traitement des toxicomanies et dans la mise en place de mécanismes de prévention de l’abus de drogues. D’une façon plus générale, Takiwasi étudie, dans le domaine de la santé en général, l’articulation possible des médecines traditionnelles avec les connaissances scientifiques modernes. »
Takiwasi a bénéficié du soutien financier de la Communauté européenne et des autorités françaises au démarrage. Intéressant quand on sait que le Dr Mabit est maintenant décrié par ces mêmes autorités françaises pour son usage de l'ayahuasca dans le traitement des addictions ... 

Ce que le Dr Mabit m'a dit concernant le travail du centre ... 



Lors de mon arrivée, nous avons eu un entretien. Voici ce qu'il m'a dit :
  • L’ayahuasca est seulement un des volets du traitement de la toxicomanie ici dans le centre. Un rituel a lieu une fois par semaine avec une diète obligatoire les deux jours précédents.
  • Les anciens résidents disent que ces trois éléments ont été pour eux les plus importants au centre ; par ordre d’importance 1. La diète 2. La vie en commun avec les autres résidents 3. L’ayahuasca. La plante arrive donc seulement en troisième position.
  • La diète est essentielle ici. Elle est ritualisée, notamment via un isolement cadré dans la forêt. Elle est aussi personnalisée suivant les situations. Comme pour les fleurs de Bach, il existe une plante pour nettoyer la peur, une autre pour redonner de la force … Le lien est fait entre le corps et le besoin psychique.
  • Dans les plantes données aux résidents, il y en a de trois types : les plantes purgatives, les plantes psycho-actives telles l’Ayahuasca et les plantes de contention qui permettent par exemple de trouver le sommeil ou se relaxer.
  • Tout le matériel psychique des résidents est utilisé et travaillé avec les psychologues. Les rêves par exemple. Des outils thérapeutiques comme les constellations familiales sont utilisés.
  • Seulement des résidents hommes sont acceptés pour le traitement à Takiwasi. Pour deux raisons au moins : d’abord la loi péruvienne interdit de mélanger hommes et femmes toxicomanes dans le traitement et ensuite ce serait trop difficile à gérer. Avec les purges et le nettoyage intérieure, on constate que la libido sexuelle de certains résidents est parfois exacerbée et il s’agit de gérer …
  • Quel est le public ? Des toxicomanes qui sont très loin souvent dans l’addiction, des personnes assez déstructurées d’une part en lien avec leur histoire personnelle mais aussi en lien avec leur addiction. Il s’agit dont de cas lourds …
ps : J’ai d’ailleurs pu constater que le centre fonctionne sous le mode « clinique ». Les espaces sont clairement délimités. Les nouveaux arrivés sont dans un espace spécifique, bien encadré et les personnes plus avancées dans le traitement dans un autre espace, à l’opposé du premier. Par contre, c'est un centre ouvert ! Chacun est libre de sortir.
  • Les résidents doivent s’engager pour un suivi de 9 mois continus … La moitié y arrive. L’autre moitié se démotive et arrête en cours de route. Soit parce que le traitement n’est pas celui qu’il croyait. Soit parce que c’est trop confrontant. La motivation de guérir est essentielle dans le suivi.
  • Que deviennent ceux qui arrêtent avant les 9 mois. Tout d'abord ce n'est pas parce qu'ils arrêtent que le traitement a échoué. En 2013, le projet ATOP a été mis en place par des centres de plusieurs pays qui traitent les addictions. L'objectif est notamment de mesurer les effets de l'Ayahuasca dans le traitement. Jusqu’ici il était difficile d’évaluer l’impact de l’ayahuasca sur l’efficacité du traitement vu que d’autres éléments intervenaient, comme par exemple la purge, l’accompagnement psy, …
  • J. Mabit m’a aussi partagé tous les problèmes rencontrés en France en lien avec son travail à Takiwasi. Il a risqué 30 ans de prison en lien avec l'utilisation de l'Ayahuasca dans son travail. Pour information, un grand nombre de pays, dont la France, considère encore l'Ayahuasca (dont le rituel est millénaire) comme une drogue au même titre que l'héroïne ... On y reviendra.
Si vous lisez l'anglais ou le polonais, vous trouverez sur ce blog, réalisé par un ressortissant polonais, des témoignages de personnes qui souffraient d'addictions et qui sont passées par Takiwasi. Vous trouverez ces témoignages vers le milieu du blog.

Positionnement par rapport au catholicisme


Certains ont critiqué Takiwasi pour son penchant catholique. Il y a en effet une petite chapelle à Takiwasi ainsi que des insignes chrétiens dans le centre. Une messe est célébrée chaque semaine, ainsi que juste avant la cérémonie d'Ayahuasca. Lors de mon séjour au centre l'évèque de la région en personne s'est déplacé pour des baptêmes. Un prêtre catholique participe parfois aux cérémonies d'Ayahuasca. Je le vois comme une reconnaissance "officieuse" du centre par l'Eglise.
Qu'en penser ?
C'est un fait, c'est tout. il n'y a pas d'obligation à quoi que ce soit ici mais savoir qu'il y a aussi cela.
Prendre aussi en considération que le catholicisme est fortement présent au Pérou. Son influence est autrement plus importante qu'en europe ...


L'évèque de San Martin à Takiwasi pour des baptêmes - Juillet 2017




Au cœur du travail de Takiwasi - Mes observations


Après quelque temps passé à Takiwasi, je me rends compte que l'objectif principal du centre n'est pas de libérer des addictions. Le véritable objectif est d'accompagner la personne dans un projet beaucoup plus vaste : son projet de vie à elle ; la drogue étant un obstacle d’auto-accomplissement.
S'il ne s’agissait que de « guérir de la drogue » autant alors faire de la clinique pure. Si on propose aux personnes du travail psychologique en lien avec les plantes, des constellations familiales, du travail d'analyse des rêves, … c’est que le travail est HOLISTIQUE.
C’est sans doute pourquoi la moitié des personnes quitte avant la fin du programme de 9 mois.. Les plus motivés sont ceux qui veulent réellement se trouver eux-mêmes et Takiwasi offre des outils pour cela.
A Takiwasi, on considère que, pour traiter l’addiction, une approche pluridisciplinaire est nécessaire.
Les méthodes sont à la foois celles de la médecine traditionnelle amazonienne (ayahuasca et autres plantes curatives) et des méthodes de la thérapie occidentale comme les constellations familiales, l'analyse des rêves, la dynamique des groupes, ...




Takiwasi – Carrefour de rencontres et d'échanges entre chercheurs de partout dans le monde


Durant mon séjour, je rencontre des gens d’un peu partout dans le monde qui passe à Takiwasi pour une heure, un jour, un mois. Si la durée est plus longue, ils prennent le statut de volontaire du centre.Cela ne donne pas un travail déterminé mais c’est sans doute « un passe droit » qui permet de circuler sans difficulté dans certains espaces du centre. Je me rends compte que Takiwasi est vraiment reconnu comme une plaque tournante internationale dans la médecine traditionnelle.
C’est une plateforme de recherche mais aussi d’échanges entre chercheurs de vérité. Ces gens vont aller voir sans doute des Curanderos (guérisseurs amazoniens) d’un peu partout au Pérou mais ils passeront à Takiwasi parce que c’est un centre avec un cadre solide, une éthique, une méthodologie claire, une clinique, une équipe de professionnels aguerris dans le traitement des troubles addictifs graves.
Takiwasi a aussi accueilli un grand nombre de guérisseurs péruviens et étrangers. D’ailleurs un grand nombre de médecins occidentaux, parfois renommés, viennent parfois visiter le centre. Tout ceci ne se sait pas toujours en Europe. Il semble y avoir un voile d’ignorance ou de déni qui occulte les résultats pratiques très concrets obtenus à Takiwasi.


Takiwasi et quelques chiffres / données

  • 34 travailleurs permanents et 18 temporaires
  • Dans cette équipe, 6 psychologues/psychothérapeutes, 2 ergothérapeutes, 1 infirmier, 2 biomédecins (qui travaillent avec les plantes)
  • 4 volontaires
  • 6 stagiaires d’écoles psy de la région
  • 1 chercheur
  • 13 patients
  • 3 hectares de superficie
  • Financement via les contributions des patients, les donations, la boutique et les produits naturels, les séminaires et les diètes organisées.
  • Il y a aussi des projets de recherche spécifiques qui ont leur financements propres

La librairie

La librairie offre une série de livres sur l'ayahuasca en espagnol, français, anglais, italien et allemand.
J'ai trouvé des thèses universitaires et des documents qu'il m'aurait été très difficiles de trouver en librairie ou sur internet. Cela me fut très utile pour mon travail universitaire. Il y a aussi de nombreuses vidéos disponibles.





Faire une diète à Takiwasi sans être un "addict"


Takiwasi est le plus souvent vu comme un centre pour traiter l'addiction. Il est moins connu pour son autre activité ...
Durant mon séjour, j'ai été étonné de rencontrer une quinzaine de personnes qui passaient deux semaines à Takiwasi dans un objectif de développement personnel. Au programme : des purges avec des plantes spécifiques, une diète retraite en solo de 4 jours, plusieurs sessions d'Ayahuasca.
Il s'agit je pense d'une excellente manière d'entrer en contact avec la médecine traditionnelle dans un cadre sécurisé et entouré de professionnels.
Juste le prix ... Pour 10 jours, j'ai entendu une participante qui parlait de 1200 E (sans l'avion, l'hébergement et la nourriture).
A vérifier avec le centre.

Voilà un programme que j'ai vu sur le panneau d'information du centre :




La boutique du centre

Tout est sur le site.
Il est possible d'acheter de beaux habits, typiques de la région, fabriqués de manière artisanal, du tabac pur (sans aucun additif !), des extraits de plantes médicinales en bouteille (à l'exception de l'Ayahuasca et de la coca, interdites dans plusieurs pays européens), quelques livres et vidéeos, de l'agua Florida (2,5 euros/bouteille alors qu'elle est vendue à Patris à 14 Euros ... !) ....


Quelques photos


Jacques Mabit, Fondateur de Takiwasi à Droite et votre serviteur à Gauche

Jaime, le Directeur de Takiwasi et un Curandero exceptionnel !
















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