Cette cérémonie est un des rituels proposés par le Santo
Daime : des chants puis une longue période de silence. Cette cérémonie
arrive exactement au moment où j’en ai besoin. Le matin, je vis les enfers. La
journée, je dessine un mandala. Et le soir, je vis cette cérémonie qui pratique en fait la qualité requise pour faire un mandala : la concentration.
J’ai pratiqué ici la base de la base de la méditation : passer de la périphérie du mandala, au centre du mandala.
J’ai pratiqué ici la base de la base de la méditation : passer de la périphérie du mandala, au centre du mandala.
La cérémonie se passe dans l’Eglise, au centre du village. Autour de
la table, 6 femmes et 6 hommes, la plupart des anciens du temps de Padhrino
Sebastiao. Des bougies et des symboles Daimistes sont sur la table. Une prière
d’ouverture puis nous prenons du Daime. Les 3 musiciens commencent à jouer de
la guitare. Le groupe commence à chanter les hinos. Des hinos spécifiques pour
préparer la « concentrao ».
De l’intérieur, je le sens, les chants font progressivement
monter la vibration. Le groupe entre, avec le Daime et les chants, dans un état
de conscience modifié. Les hinos qui se chantent dans ce moment particulier
prennent une sonorité, une force, une puissance extraordinaire. C’est comme
passer du chant de cuisine au chant dans la cathédrale de Reims en France.
Le son, la vibration est toute particulière. J’essaye de me
concentrer, de stopper le manège du mental qui veut aller à gauche ou à droite
et me sortir du moment présent. Après environ 1h30, une personne lit une prière. Tout le monde est assis. On entre ensuite dans un espace de silence
qui va durer une heure environ.
Progressivement, le silence devient impressionnant. Plus un
bruit, juste la force de la concentration du groupe que je sens au plus profond
de mes cellules. Après cette journée où j’ai vécu le phénomène de l’attraction
(les mondes paradisiaques) et la répulsion (les enfers), je vis ce que j’ai
travaillé dans la matinée avec les mandalas : revenir au centre, ce centre où il n’y a plus de
mouvement, plus de pensées, juste le JE SUIS.
Dans ce « Je suis », je sens une force extraordinaire. Dans cet
état de conscience amplifié avec le Daimé, un travail puissant se
met en place : l’ego essaye de penser, de se divertir, de fuir ce centre qui
lui parait trop calme, trop fade, sans divertissement, sans rien à quoi s’accrocher.
Alors, à chaque fois, l’effort est de revenir dans l’instant présent,
juste CE Centre où il n’y a plus rien. Cela avec l’aide, le support du groupe
entier. On parle de « fermeté » dans les hinos. C’est aussi dans ces
moments que cette « fermeté », cette « volonté »
s’applique, en lien avec le collectif.
Je vis cela comme une méditation zen amplifiée, une
méditation qui s'opère dans les hautes vibrations de la conscience. Oui, dans
cet espace, tout est amplifié, clair. Le moindre mouvement de l’ego, la moindre
pensée apparait tout aussi clairement qu’un caillou lancé dans un lac qui a l'aspect d'un miroir, complètement calme.
Une voix m’explique que cet exercice puissant me permet de laver le mental, de travailler mon alignement.
Je me sens avec le groupe dans un espace de vibration très
très haut. Il s’agit vraiment de tenir. En Europe, durant des sessions de
Daime, j’ai senti que nous nous trouvions parfois dans cet espace de silence où
il n’y a plus RIEN. Ici, il s’agit de rester dans cet espace non quelques
minutes mais une heure !
Quand le silence atteindra un point culminant, un ancien du
groupe donne une lecture. Je ne comprends pas tout (portugais) mais je sens
la profondeur de l’enseignement qui est donné. Dans cet espace de grand silence
où la réceptivité est complète, chacun peut entendre avec tout son être et
recevoir plus complètement ce qui est dit. A ce niveau, on ne s’adresse plus
aux couches superficielles de l’être mais à sa profondeur.
Puis le silence se fait à nouveau, comme pour intégrer ce
qui a été dit.
Claudio Naranjo, dans son livre « Ayahuasca »,
dit (p.369) :
« Qu’est-ce ce « rien
intérieur » sinon la profondeur de l’état de silence et de paix ? Un état dans
lequel, dans le silence de la pensée, (s’installe) un profond sentiment de
plénitude. Ainsi, il n’y a ni vie ni mort, mais dans ce rien se vit
implicitement le sens de la vie, de même la (possibilité) de laisser derrière
la maladie du mental quotidien ».
et, p. 371 : « (…) un mental en paix qui a laissé
derrière le déséquilibre des passions (…) et qui, (grâce à) sa concentration
sur lui-même, jouit de sa simple auto-conscience, au-delà des stimulants
extérieurs ; un mental qui n’a plus besoin de bouger dans une quelconque
direction, qui peut aimer et jouir des étoiles, de la fraicheur de la nuit, de
la musique et des personnes ».
Après une heure, je vois que certaines personnes ont des
difficultés à rester en place. L’ego en a assez, il faut bouger, sortir de cet
espace vraiment trop calme où "je" ne peut plus jouer à rien ni me divertir depuis trop longtemps. Néanmoins,
les guides de la table, au centre, restent fermes. Il faut tenir, vaincre cet ego
qui, comme un cheval sauvage, veut absolument reprendre le contrôle. C’est dans cet instant là, que le travail, le vrai travail commence.
Vaincre cette résistance de l’ego, le discipliner, le tenir.
Je sens mon ego qui voudrait sortir de cet état en mettant
en avant des idées d’aide aux autres, de faire quelque chose de plus utile que
de rester là immobile. Cet état silencieux et immobile lui est insupportable. Grâce
à l’état de conscience « amplifié », toutes les ruses du mental sont mises en
lumière. Je sens alors que c’est dans ce centre, dans ce « Je suis »,
il n’y a personne à aider, personne à sauver, rien d’autre à faire que ETRE.
Le chant qui viendra après met des mots pour arriver à cette
concentration totale au centre : « Fermeza », fermeté !
Après ce long moment de silence, les hinos reprennent,
toujours plus beaux.
Je vis une vraie « extase spirituelle ». Les chants sont
comme une farandole joyeuse que rien ne peut arrêter. C’est une véritable symphonie spirituelle jouée dans les hautes
sphères de la conscience. Je me sens en sécurité, je me sens en joie. Je perçois
maintenant la vraie signification d’un travail collectif de Daime. Un art
spirituel de haut vol qui combine cette plante sacrée d’Amazonie, les chants et le Sacré.
Un rituel de la Nouvelle Ere, de la Nouvelle Conscience en émergence.
Un rituel de la Nouvelle Ere, de la Nouvelle Conscience en émergence.
Une chose très particulière aussi à partager : à différents
moments, durant les hymnes, l’odeur changeait. Lors de la Santa Maria par
exemple, j’ai senti un très doux parfum dans l’air. C’était une vraie
délectation de respirer, un véritable plaisir, un moment fort que j’ai senti
revivifiant et regénérant. A d’autres moments, lors des hinos de guérison,
c’était une odeur d’encens assez forte alors que rien ne brûlait. Oui, vraiment très particulier.
Après la Santa Maria, que j’ai décrite plus haut, j’ai senti
un espace sacré qui s’ouvrait, un espace lié à La Mère. Le travail prend alors
une vibration très très particulière. Je sens qu’un travail intérieur de
guérison se fait, sans que mon mental puisse en comprendre la portée.
La cérémonie se clôturera à 1 heure du matin avec les
prières de fermeture.
Comme tout rituel : ouverture, déroulement, fermeture.
Comme tout rituel : ouverture, déroulement, fermeture.
Après la cérémonie, je me sens bien, complètement revivifié.
Tous les malaises restant depuis mon expérience du matin sont balayés. Je
tituberai un peu en rentrant, encore dans un espace-temps différent. La nuit
est belle, juste la lumière de ma lampe de poche pour éclairer le chemin. Je
reviens chez mon hôtesse par le petit chemin dans la forêt, chemin que je
commence maintenant à bien connaître.
Cette nuit-là, je vais dormir profondément, très
profondément et me sentir complètement rechargé au réveil.
A 6h du matin, je me lève et je me promène dans la nature.
Les sons de la nature sont si beaux que je les enregistre avec mon smartphone.
Les sons de la nature sont si beaux que je les enregistre avec mon smartphone.
J’assisterai au lever du soleil. Dans le calme amazonien du
matin, avec les sons des animaux. Le calme intérieur qui m’habite suite à la
cérémonie d’hier me permet de vivre juste le moment présent, juste cela, rien
d’autre.
Je sens la pureté de cet espace où il n’y a rien d’autre que
CELA, où il n’y a plus rien à vouloir. Oui, juste CELA.
Après deux semaines à Mapia, je sens que c’est seulement
maintenant que je peux entrer dans la « méditation de la forêt », entrer dans
cet espace vibratoire magique et mystérieux de l’Amazonie. Oui, véritablement,
il y a un Mystère dans cette Amazonie. Et c’est vraiment dans le calme complet
du mental que je peux y toucher, y goûter, très loin des préoccupations du
quotidien, de la vie normale habituelle, de ces villes où nous vivons si loin de l’essentiel.
Car il s’agit bien de cela : je ne peux goûter à
l’essentiel, que si je vis dans cet espace qui est en fait ma Nature profonde.
Alors intérieur et extérieur ne font plus qu’un. Il n’y a plus que CELA et ce
CELA est magique. Dans cet espace, je peux me régénérer car il est le reflet de
ma Nature la plus profonde. Le challenge, de retour dans le quotidien
frétillant de notre monde matérialiste, c’est pouvoir rester continuellement
avec cet espace. Et pour cela, cela demande de pratiquer, pratiquer, pratiquer
le centre.
Un jardin qu’il s’agit d’arroser tous les jours.
Il n’y a pas d’arrivée … il y a juste un chemin de plus en
plus lumineux que nous parcourons, prenant des pauses de temps en temps.
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