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vendredi 28 juillet 2017

Taita Juan - Cérémonie en Equateur

Le Taita me propose de participer à une Cérémonie de Yagé qui aura lien en Equateur. J'accepte avec grand plaisir. Non seulement je n'ai jamais été en Equateur mais je vais vivre l'occasion unique d'une cérémonie en plein air ... Nous sommes 5 dans la voiture : le Taita, German (son assistant), Mercredes (sa fille qui est en formation aussi pour devenir "Taita"), Mélina (une ressortissante du Costa Rica qui vient se former) et moi. Le voyage dure 7 heures. Puis aller à l'office de l'immigration à la frontière (très rapide pour l'aller mais 3 heures d'attente pour le retour ...).




En Equateur, nous traversons des paysages fabuleux ...




Nous arrivons à Otavalo (Equateur) alors que le jour est tombé. Nous suivons un petit chemin en très mauvais état qui nous conduit à un promontoire d'où on peut voir la ville illuminée. Le lieu, retiré, sert à beaucoup de cérémonies chamaniques, surtout le San Pedro. Il y a 30 participants, d'Equateur mais aussi d'autres pays. Il y a aussi des organisateurs et des apprentis du Taita sur place.
Il fait froid. Un feu est allumé au centre d'un cercle d'une 12aine de mètres de diamètre, cercle délimité par des batons de différentes dimensions. Quatre sorties sont prévues dans le cercle : une au nord, au sud, à l'Est et à l'Ouset. Un des organisateurs équatorien me dit que le cercle est conçu d'une manière très spécifique, sur base des positions planétaires. Il me parle du "Camino Rojo", "Chemin rouge" qui serait spécifique à certaines voies chamaniques. Je mesure le taux vibratoire avec mes instruments de radiesthésie. Le taux est très élevé dans le cerclke. Je le sens : "cela va être chaud !".
Le groupe est enfin prêt dans le cercle. Le Taita est à l’extérieur du cercle avec ses assistants. Un organisateur nous explique le cadre et les règles :
  • l’entrée et la sortie pendant la cérémonie ne peuvent se faire que via la porte d’entrée située à l’Est.
  • Il y a plusieurs espaces pour vomir si besoin, à l’extérieur du cercle
  • En contre bas, il y a deux toilettes sèches aménagées en plein air avec un petit rideau de toile.
Les organisateurs (5 personnes) nous disent qu’ils seront présents pour nous aider si besoin, surtout pour les quelques personnes pour qui ce sera la première prise de Yagé.
Le Taita se présente ensuite au groupe.
J’ai froid, il fait sombre malgré le feu, je ne suis pas vraiment assis confortablement. Les participants sont emmitouflés dans des couvertures et la plupart portent des bonnets. Par bonheur, j’ai acheté un bonnet de laine pour 2 dollars dans la ville. Le ciel est assez dégagé et on peut apercevoir assez clairement les étoiles dans le ciel. Il n’y a quasi pas de pollution de l’air ici. La cérémonie commence. Le Taita et ses assistants ont mis leur bel habit de cérémonie, très coloré. Ils font d’abord le tour du cercle en enfumant chaque personne dans le groupe. Puis, chacun est invité à se lever, à sortir du cercle et à aller boire le fameux Yagé … Le taita bénit préalablement la boisson à chaque fois avec un signe en forme de croix. Le breuvage est épais, visqueux, amer. Je le bois en faisant une petite grimace. Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer. Lors d’une précédente cérémonie en Europe qui s’était déroulée en plein air avec un curandero brésilien, je n’avais pas senti grand chose ...
Après 20 minutes, le Yagé commence à monter. Je sens que cela va être très fort. Pour la première fois, je vais sentir complètement dans mon corps, au plus profond de mes cellules, ce qu’est véritablement le chemin de guérison proposé par un Taita. A vrai dire, l’effet est monté assez vite. Je ne l’ai pas vraiment vu venir. Le Taita commence à jouer de son armonica. J’entre profondément, très profondément dans un autre monde. Pendant un certain temps, j’entendrai l’harmonica du Taita comme venant de très très loin. Ma vision extérieure est complètement brouillée. Fermant les yeux, un nouvel espace s’ouvre, immense, inconnu. J’entre dans quelque chose et je ne sais pas vraiment quoi. C’est si fort que je me demande comment je peux rester conscient dans « un truc pareil ». Je me mets en contact intérieur avec le Taita. Je lui fais confiance. Je sens qu’il y a là une sagesse ancestrale immense, incroyable, qui est en action. Je me laisse guider par le son de son harmonica. C’est le seul point de repère connu auquel je peux me rattacher dans un monde complètement inconnu.
Je descends dans un état de conscience modifié de plus en plus profond. Je me rappelle m’être tourné vers un des bâtons planté derrière moi, bâton qui délimite l’espace du cercle. Je l’entoure de mes bras. En même temps, je mets mes doigts dans ma bouche. Je suis comme un fœtus dans le ventre de sa mère qui suce ses doigts. J’ai alors eu une envie incompressible d’uriner. Impossible pourtant de me lever. Mais je ne contrôle absolument plus rien. Alors, excusez-moi, j’ai lâché les vannes. Oui, j’ai fait dans mon pantalon. Je n’avais pas d’autres choix. Il y avait aussi quelque chose à dépasser pour moi dans cet acte (je l’ai compris après) : en osant « me lâcher », je lâchais en même temps une vielle mémoire qui me bloquait depuis longtemps. J’ai alors senti une liberté intérieure, une légèreté extraordinaire. Allez comprendre …
Je descends encore d’un cran dans les profondeurs de la conscience. Je lâche le bâton. De violents soubresauts me traversent. C’est si puissant que mon corps n’a pas d’autres choix que se retourner sur le dos. Je sens mon thorax se soulever, le devant de mon corps est comme aspiré vers le haut. C’est comme si mon ncoeur s’ouvrait ... Je sens que quelque chose va se débloquer. Vient alors un énorme renvoie suivis de plusieurs autres, ce qui va dégager mon corps. Ce qui se passe me dépasse. Je ne contrôle plus rien. CELA me contrôle.
Mon corps se retourne alors, face avant plaquée sur la terre. Mon nez, mon front, ma bouche touche le sol, la terre même. En me laissant guider par le son de l’armonica du Taita, je remonte le courant d’une rivière. Je suis alors en contact avec l’holocauste nazi et ses chambres à gaz, l’évènement le plus horrible de toute l’histoire de l’humanité. Je ne traverse pas cela avec le mental ordinaire. Je le traverse avec des vibrations, des schémas, des sensations pas vraiment agréables. Je suis dans une zone de la conscience complètement déstructurée. Alors je me mets en contact avec les énergies christiques. De toute mon âme, je demande pardon à Dieu pour cela, pardon pour cette horreur. Je ne sais au nom de qui je le fais mais je sens qu’il est juste de la faire. J’ai un éclair d’intuition qui semble dire que, suite à l’holocauste, Dieu était prêt à laisser l’humanité à son propre sort, la race humaine s’éteignant petit à petit d’elle-même, l’homme ne pouvant plus être « rattrapé » car descendu trop bas.
Je demande à nouveau pardon pour ce massacre, je prie Dieu de laisser une chance à la race humaine. D’autres choses se passent aussi qu’il ne m’est pas possible d’exprimer sur ce blog.
Le yagé diminuant en force, j’arrive alors à m’asseoir. Je reprends mes esprits. Je me lève, sortant par la porte Est du cercle, comme cela avait été demandé. J’éprouve un sentiment de gratitude immense envers le Taita. Quelque chose s’est passé. Je n’ai pas très bien compris la portée de ce quelque chose. Ma reconnaissance envers cet homme médecine qui m’a guidé durant ce voyage avec son harmonica, est immense. J’irai d’ailleurs lui faire une accolade, lui me demandant avec un petit sourire : « encore un petit peu de Yagé ? ». Je souris. Vraiment, cela suffit pour l’instant.
Je fais quelques pas. Mon regard se porte vers les étoiles du ciel. C’est alors comme si j’entrais « en conversation avec Dieu ». Jamais avant je n’ai pu sentir un tel contact, aussi direct. Je LUI demande quel est le sens de ce qui s’est passé. Il répond : « Le Pardon, je l’avais déjà donné à l’homme … ». Je demande : « Que s’est-il passé juste là, dans le cercle ? Que signifie ce que j’ai vu, le pardon que j’ai demandé ? ».
Réponse : « Tu as tout simplement planté un semence pour l’émergence du nouvel homme à venir, la Nouvelle Terre : des semences de compassion, de fraternité qui seront le mode de fonctionnement de la nouvelle race à venir ». Nous continuons le dialogue.
Comme à un ami très proche, je lui partage mon espoir d’une terre fraternelle, juste, où il fait bon vivre. Je sais que ce désir est aussi partagé par de très nombreux frères et sœurs sur terre. Je sens que le fait de le poser, de le désirer, de le nommer, est important. C’est comme le petit colibri de Pierre Rabhi qui essaye d’éteindre un incendie en transportant une goutte d’eau dans son bec : il fait sa part. Espérer, visionner son désir d’une Terre meilleure, c’est planter la graine du renouveau.
En revenant dans le cercle, je me sens plein de force et de vigueur. Je me sens en lien avec mes amis en Europe, ces amis avec qui je peux parler de tout, même de mes délires mystiques, sans jugement. En pensant à eux, mon cœur s’ouvre. Cet amour s’étend à toutes les personnes qui sont dans le cercle, certaines sont couchées, d’autres assises en silence. Je ressens un véritable amour universel pour tous les êtres. A l’extérieur du cercle, j’entends des personnes qui sont en train de vomir. J’éprouve une immense gratitude pour ce qu’elles sont en train de faire. En se libérant, je sens qu’elle libère aussi d’autres êtres. Ceci est bien mystérieux mais j’en suis convaincu. La sagesse zen ne dit-elle pas : « un être s’éveille et toute l’humanité s’éveille » ? Ne sommes-nous pas reliés par un fil invisible ?
La vibration intérieure s’amplifie, en lien avec la joie. Cela devient une énergie puissante de fraternité qui emplit tout l’espace. Le Taita joue de son armonica magique à l’extérieur du cercle ; en même temps, une personne à l’intérieur du cercle joue à la guitare. Il chante l’amour et la paix.
Je sens alors un ensemble d’énergies extraordinaires pénétrer le cercle : les forces lumineuses du chamanisme, les forces christiques, les forces Bouddhiques, les forces de la nature via le feu au centre  … une multitude d’énergies venant de directions différentes oeuvrent dans la même direction : libérer le passage pour « la nouvelle Terre », préparer l’émergence du Nouvel Homme, de la Nouvelle Conscience.
Tout ce qui est en train de se faire là, dans cet espace, a un sens. Tout est lié. Il y a comme une évidence dans ce qui est en train de se passer. Oui, ici en Equateur, dans cet endroit paumé, quelque chose se passe. Je suis conscient que ce n’est peut-être que mon regard, ma perception, mon sentiment personnel. Peu importe. Au sein de mon univers intérieur, c’est cela, cette Terre nouvelle que je désire du plus profond de mon Etre. En la vivant, en la sentant, ELLE EST, ELLE devient une réalité.
Dans ces moments de Grâce, je ressens une joie extraordinaire, une ouverture au niveau du thorax, un bain d’air frais que je respire à plein poumon, un amour infini, une gratitude pour ce moment, pour cette présence de frères et de sœurs réunis ici, chacun effectuant, à sa manière, son travail ; ce qu’il ou elle sent être juste, dans le plus parfait libre arbitre. Ce fameux libre arbitre qui reviendra continuellement dans mon travail, cette règle universelle de respecter le choix de chacun sur son chemin d’évolution, sans juger, sans forcer, sans persuader. Ce libre arbitre donné à l’homme et qui est sans aucun doute un des plus grands cadeaux donné par Dieu à ses créatures.
Dans la mi-obscurité du feu, dans un moment de grand silence, je verrai, dans l’ombre, un bouddha assis, puissant, présent.
A l’intérieur, je recevrai aussi des informations me concernant.
A un moment, je me coucherai à côté du feu, comme plusieurs autres. Juste être là, en silence.
En clôture, le Taita et un assistant font des nettoyages individuels avec leur kapa, ces feuillages qu’ils agitent avec un mouvement sacadé. Ils jouent de leur armonica avec un mouvement de danse. Ils referont un deuxième tour en crachant une eau sacrée sur la tête et le dos de chacun. Ils font en même temps un balayage de haut en bas avec la kapa.
La cérémonie se clôture. Nous nous remercions les uns les autres, serrant les mains ou faisant l’accolade suivant les affinités. Je suis si heureux de ce voyage, je me sens si bien à l’intérieur. Mon mental est parfaitement clair, opérationnel. Je suis à nouveau pleinement « Moi », dans cet EGO qui, finalement, me rassure car il me donne une identité, une place, un rôle sur cette terre.
Le soleil est maintenant levé. Il y a des fruits et des petits pains à disposition. De même une marmite avec une infusion sucrée chauffée sur les braises encore vives du feu. J’entamerai la conversation ci et là avec des personnes de Quito, du Brésil, de Colombie, et aussi d’Espagne. Certains sont venus de très loin pour participer à cette cérémonie. Petit à petit, l’espace est remis en ordre. Chacun se prépare à partir. Chacun  se prépare à reprendre son chemin de vie habituel, gardant sans aucun doute dans sa mémoire le vécu d’une soirée très particulière, même si son degré d’intensité fut très variable suivant les personnes.
Ceci démontre que chaque expérience est unique et ne peut être comparée. Dans la vallée sacrée des Incas, au Pérou, j’avais rencontré un médecin américain retraité, chirurgie réputé aux States pour les enfants, et auteurs de plusieurs ouvrages spirituels. Il me disait que ce que nous travaillons chacun c’est notre propre univers. Chacun est responsable de son propre univers. Ainsi, le voyage de cette nuit parle sans aucun doute de mon univers personnel, avec toute la chimie qui me compose, passant du « sauveur » au « mystique », poussé par le désir profond de co-créer cette terre de beauté à laquelle j’aspire. Cette terre de beauté que je dois d’abord « habiter » dans mon univers intérieur. 
Je vous partage aussi un enseignement spirituel (Pastor) lu par hasard le lendemain de la cérémonie.
Amen.

Photo du groupe. Taita Juan à droite.
De retour en Equateur, le Taita envoie ce message aux participants via Whats up :


Traduction (désolé si elle n'est pas parfaite !) :
"Merci à tous pour votre confiance, pour vous autoriser ces éveils, je vous aime. Toujours aller de l'avant, force, soyez heureux, entier, sans peur, faites ce que vous aimez et vivez dans la joie de l'Etre. Force spirituelle, psychologique, faire ce que vous avez à faire, vivre ici et maintenant. Dans cet infini, prendre conscience, se responsabiliser et concrétiser. Image, tonnerre, rayons, étincelle, vie ..."





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