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vendredi 28 juillet 2017

Taita Juan Bautista Agreda Chindoy



Taita Juan, Sibundoy, Colombia



En avril 2017, j'ai eu l'occasion de rencontrer le Taita Juan (terme utilisé pour les guérisseurs en Colombie) en Europe. Une amie m'avait invité à participer à une cérémonie animée par le Taita avec le Yagé (terme utilisé en Colombie pour l'Ayahuasca).
Nous étions un groupe de 10 personnes environ et nous avons travaillé toute la nuit, jusqu'au lever du soleil.


Lorsque j'ai vu travailler cet homme avec son armonica, j'ai vu un véritable artiste. J'ai pu expérimenter dans mon propre corps à quel point un son, joué d'une manière particulière, pouvait guérir !


J'ai compris à ce moment que le meilleur piano du monde (le Yagé préparé de manière adéquate) pouvait donner ses meilleurs notes seulement avec un excellent pianiste (un curandero digne de ce nom) ! J'ai compris l'importance d'utiliser l'Ayahuasca dans un cadre dirigé par un véritable Maître Curandero. L'expérience n'a rien à voir avec une utilisation solitaire de la plante ou encore une cérémonie dirigée par un guide novice. Vraiment rien à voir !
C'est pourquoi, dans le cadre de mon travail universitaire et de mon séjour de 3 mois en Amérique latine, j'ai décidé d'aller voir Taita Juan chez lui, en Colombie. J'y suis resté 2 semaines. Je suis très heureux de vous faire découvrir cet homme médecine de qualité si vous ne le connaissez pas encore.


Quelques mots de présentation du Taita Juan

Vous ne trouverez pas beaucoup d'informations sur le Taita sur internet. Sauf peut-être cet article où il avait été interviewé il y a quelques années. Pourtant cet homme voyage beaucoup. Il est très connu et reconnu localement, dans la vallée de Sibundoy.
De plus, des personnes de partout dans le monde se rendent chez lui pour se soigner ou pour apprendre. Sur place, j'ai été en contact avec des personnes du Costa Rica, du Maxique et des Etats-Unis.
Dans la véllée de Sibundoy, il y a deux peuplades indigènes : les Kamsas et les Ingas. Le Taita est originaire de la peuplade des kamsas. Il fut formé par son Père, Taita Martin, un Taita reconnu qui n'est plus de ce monde.


Voilà le compte-rendu d'une conversation que j'ai eue avec Taita Juan :

Par rapport à sa formation de Taita :
Tout jeune, son père lui donnait, les jours de pleine lune, de la Datura. La Datura est un puissant hallucinogène qui peut causer la mort physique ou psychique quand elle n'est pas préparée de manière adéquate. Plus tard, son Père a découvert le Yagé avec un Taita confirmé de la région. Il a abandonné la Datura pour le Yagé. L'avantage avec le Yagé est que l'on peut faire le voyage en restant conscient et garder la mémoire de ce qui s'est passé, ce qui n'est pas le cas avec la Datura. A 18 ans, Juan prend pour la première fois le Yagé. Il voit des monstres qu'il doit affronter. Dégoûté, il arrête le Yagé durant 2 ans. A 20 ans, il reprendra le processus intensif d'enseignement avec le Yagé, ayant compris que ses visions étaient normales et qu'elles n'étaient qu'un passage.

Par rapport aux visions :
Taita Juan dit qu'il est très difficile de transposer une vision d’une culture à une autre. C’est pourquoi il est difficile de parler de ces choses qui dépendent non seulement de la personne elle-même mais aussi de sa culture.


L'importance de l'intention avant de prendre le Yagé :
Le motif, le but de départ de la personne est très important. C’est cela qui va donner l’information à la plante. Certaines personnes prennent la plante sans intention claire. Alors cela part dans tous les sens.
Le Taita mentionne aussi l’importance de la motivation du curandero qui prépare le Yagé. Un jour, il avait pris au Pérou un Yagué qu’il n’avait pas préparé lui-même. Il a pu constater que l’effet était très différent. Le Yagé provoquait beaucoup de visions alors que lui, dans son Yagué, poursuit un objectif non pas de visions mais de nettoyage du corps, de guérison du corps ainsi que de l’âme.
C'est la guérison qui est au centre de son travail, pas les visions. A ce propos, je lisais un enseignement ésotérique de Pastor qui disait que les visions émanaient du plan astral et qu'il était très facile de s'y perdre ...
Le Taita insiste : dans le travail, il faut que la personne puisse emporter quelque chose de REEL, qui va vraiment l’aider dans sa vie de tous les jours. Dans sa réponse, j'y ai vu un homme très concret, profondément ancré à la terre, dans le quotidien, bref dans la vie réelle de tous les jours.

Pourquoi prendre du Yagé ?
On peut prendre le Yagé pour 3 motifs : la santé physique, la santé spirituelle ou alors apprendre à soigner les autres (devenir un Taita). Pour apprendre à soigner, il faut d'abord se FORTIFIER. A ce propos, j'ai eu l'occasion de bavarder avec Oscar IGLESIAS ALVIS, Professeur d'Université dans la région et Thérapeute. Il travaille avec le Taita depuis plus de 4 ans. Il m'a dit que l'on ne s'improvisait pas Taita. Beaucoup de personnes sortent d'un séjour de 3 mois chez Taita Juan et pensent qu'ils sont alors Curanderos ... Pour Oscar IGLESIAS ALVIS, qui connaissait déjà Taita Martin, le père de Taita Juan, être Curandero est une vocation. On naît avec.

Partage par Taita Juan de quelques cas :

1. Un chirurgien d’une grande métropole colombienne qui prend du Yagé depuis 15 ans. Il a pu observer que cela l’aidait grandement dans la précision et l’efficacité de son travail de chirurgien.


2. Une femme espagnole était aller voir le Taita car elle portait véritablement la rage, la colère en elle-même. Cela faisait souffrir non seulement son mari mais aussi ses enfants. Elle a commencé à prendre du Yagué avec l’intention de « soigner » sa colère. Son comportement a commencé à changer radicalement dans sa famille, au point que ces enfants et son mari pensaient qu’elle se droguait avec le Yagé ... Quand elle allait à la cérémonie de Yagé, sa famille voyait cela d’un très mauvais œil. Puis le mari s’est décidé à aller parler au Taita. Il a alors commencé lui aussi à prendre la plante … Cela a changé complètement la famille. L'atmosphère est devenuer pbeaucoup plus saine et positive.


3. Une femme avait participé à une cérémonie avec le Taita. Elle ne s’est pas sentie bien durant la cérémonie. Le Taita et ses assistants pensaient qu’elle allait avoir ses règles. On la met à la salle de bain, on l’installe et puis ils la laissent seule. Après un moment, le Taita l’appelle derrière la porte. Pas de réponse. Il insiste. Pas de réponse. Très inquiet, lui et ses assistants défoncent la porte. Ils découvrent alors la femme assise sur les toilettes, le visage et le corps appuyé contre le mur, dans un bain de sang par terre. Tout le monde pensait que c’était du sang vaginal, ses règles. Ils la nettoient, la couchent. Le matin, elle repart chez elle. Peu après, elle appelle le Taita et lui explique : le sang, ce n'était pas ses règles vaginales. Elle souffrait d’un cancer vaginal. Elle explique que, dans la salle de bain, elle a senti la présence d'esprits chirurgiens. Elle dit avoir été "opérée" par ses esprits. Elle est maintenant sûr d'être guérie et que tout ce sang était en fait la tumeur qui est sortie d’elle. Quelques semaines après, elle a rendez-vous avec le chirurgien pour l’opération d'ablation de la tumeur qui était prévue. A la stupéfaction du chirurgien, il n’y avait plus de tumeur.


4. Une femme a été diagnostiquée HIV+. Elle va voir le Taita qui la soumet à un régime de plantes médicinales ainsi qu’au Yagé. 3 mois plus tard, le laboratoire de Sibundoy constate qu’il n’y a plus aucune trace du virus dans le sang de cette femme.


Si vous voulez aller plus loin par rapport au pouvoir des instruments de musique (sons) joués par les Taitas de la région, il y a, sur le site NEIP, une thèse de doctorat écrite en Anglais par Andrés Garcia Molina "The Sound Tactics of Upper Putumayo Shamans" (Berckley University, Califormia). Taita Juan est mentionné dans la thèse de doctorat.















  

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